Encore une déception pour les omegas 3

Publié le 22 mai 2013 - Mis à jour le 15 déc. 2022
Encore une déception pour les omegas 3

En prévention cardiovasculaire (CV), le bénéfice supposé des omégas 3 a été remis en question par la plupart des essais randomisés bien conduits. Notamment, l’étude Française SUFOLOM, chez des sujets en prévention secondaire d’un infarctus du myocarde (IDM), n’a pas montré d’intérêt à une supplémentation en omégas 3 à longue chaîne.


Une nouvelle étude d’intervention, randomisée, en double aveugle confirme ces résultats dans un autre contexte clinique. Ce sont cette fois-ci des sujets à haut risque CV, mais n’ayant pas souffert d’infarctus du myocarde, qui ont été inclus par des médecins généralistes, en Italie.

Les volontaires devaient avoir un antécédent de maladie CV avérée (à l’exception d’un IDM qui était un critère d’exclusion) et/ou présenter au moins quatre des facteurs de risque suivants : une obésité, un âge supérieur à 65 ans, le sexe masculin, une hypercholestérolémie, un tabagisme, une hypertension artérielle et une coronaropathie précoce familiale. Pour les patients diabétiques, un seul facteur de risque supplémentaire était requis.


Entre 2004 et 2007, 12 513 patients ont été randomisés pour prendre quotidiennement une gélule contenant 1 g d’oméga 3 (EPA et DHA) ou une gélule d’huile d’olive (considérée comme un placebo).

L’incidence du critère de jugement principal initialement défini (décès, IDM non fatal, accident vasculaire cérébral non fata) ayant été trop faible à la fin de la première année, les auteurs ont décidé de l’élargir (décès d’origine CV ou hospitalisation pour une pathologie CV) afin que la puissance de l’analyse soit suffisante pour mettre en évidence, s’il existe, l’effet bénéfique des omégas 3.
Un effet favorable seulement chez les femmes.

Après une médiane de suivi de 5 ans, la fréquence de survenue du critère principal de jugement (11,8 % dans le groupe oméga 3, 11,7 % chez les témoins) n’a pas été différente entre les deux groupes (p=0,58). De même, les omégas 3 n’ont eu d’effet sur aucun des critères de jugement secondaires prédéfinis. Les analyses de sous-groupes, notamment chez les diabétiques, chez les patients les plus âgés (> 65 ans) et chez ceux qui étaient en prévention secondaire à l’entrée dans l’étude, sont également négatives. En revanche, un effet en faveur des omégas 3 est observé dans le sous-groupe des femmes (Hazard Ratio : 0,82 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,67-0,99).
Il n’a pas été rapporté de différence notable dans la survenue d’effets indésirables entre les groupes. On notera toutefois l’apparition de 2 épistaxis sévères dans le groupe omégas 3 dont la relation causale avec le traitement, bien que possible, ne peut pas être affirmée.


Ces données vont à l’encontre des études GISSI et GISSI-HF. Dans ces deux essais, il est possible que les omégas 3 aient été efficaces par leur action antiarythmique, les sujets étant à haut risque de troubles du rythme ventriculaire, ce qui n’est pas le cas dans la présente étude.
En pratique, il n’y a maintenant aucun argument pour recommander une supplémentation en omégas 3 chez les sujets à haut risque CV. Il reste à confirmer l’hypothèse d’un possible effet bénéfique chez les femmes et/ou en post-infarctus immédiat. En revanche, ces données ne modifient en rien la recommandation de consommer des omégas 3 sous forme de poisson gras plusieurs fois par semaine, compte tenu de la relation épidémiologique inverse observée entre la consommation de poisson et le risque CV.

Dr Boris Hansel

Source : Roncaglioni MC et coll. Risk and Prevention Study Collaborative Group : n-3 fatty acids in patients with multiple cardiovascular risk factors. N Engl J Med., 2013; 368: 1800-8. doi: 10.1056/NEJMoa1205409.

Dr Xavier MOSNIER-THOUMAS
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